100x80 cm ~ Peinture, Acrylique
Je pensais que les artistes ne vieillissaient pas.
Sous des effluves de tonka et de vétiver, un souvenir me revient : le vétiver, c'était le parfum de ce garçon de la piscine.
Je réalisais alors que le temps avait passé. Retour vers ces fragrances d'enfance, ces senteurs suaves qui emplissaient mes narines. Mais aussi vers ces odeurs de chlore, âcres et angoissantes, qui me ramenaient à lui.
Je me souviens de ce garçon, un peu plus âgé que moi. Nos regards s'étaient croisés sous les douches. Le jeu de ses courbes musclées, le rebond de ses fesses sous l'eau m'avaient ému, troublé. D'un regard fugace, nous nous étions compris.
Je m'étais dirigé vers les cabines pour me changer. Il m'avait précédé, s'y était glissé discrètement. Après quelques caresses, des baisers doux et silencieux, nos doigts tremblants, nos souffles suspendus, nous étions comme en transe, à la découverte de nos corps.
Je m'étais assis devant lui, prêt à lui retirer son maillot. Mais il s'était reculé contre la porte, l'avait enlevé lui-même.
C'est cette image, gravée dans ma mémoire, que j'ai cherché à retranscrire ici.
Les effluves de tonka et de vétiver jouent dans cette œuvre un rôle de déclencheurs de mémoire. C'est en réalité l'odeur du vétiver, portée par le jeune homme en maillot de bain, qui a imprimé ce souvenir dans l'esprit de l'artiste. Toutefois, ce parfum entêtant se mêle à l'odeur plus agressive et omniprésente du chlore de la piscine, une senteur qui provoquait chez l'artiste une forme d'angoisse et de malaise. amazonaws
La scène peinte retranscrit donc un contraste olfactif: la chaleur rassurante et presque gourmande de la fève tonka n'est qu'un écho lointain, alors que les notes boisées et fraîches du vétiver rappellent le garçon, personnage central du souvenir. Mais c'est bien le chlore, entêtant et envahissant, qui enveloppe la cabine et teinte l'atmosphère d'une tension anxieuse, venant perturber le trouble et le désir nés du contact visuel avec ce corps adolescent.
En somme, ce sont les effluves de vétiver liés au garçon qui font naître la nostalgie, tandis que l'odeur du chlore transporte immédiatement vers la sensation d'angoisse vécue dans cet espace clos d'une piscine parisienne. C'est ce contraste sensoriel et émotionnel que l'œuvre rend perceptible.
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Reproductions, Impressions sur toile, Impression sur métal